des hommes et des animaux

Le blog animaliste de Danielle et Christian Millet

Les fourrières de Bucarest

En Roumanie,  tout chien errant est euthanasié 14 jours après sa capture, s’il n’est pas réclamé par son propriétaire ou adopté.

Un chien capturé à Bucarest passe ce sursis dans l’une des quatre fourrières de la ville.

En septembre 2013, la cour constitutionnelle roumaine a jugé conforme la loi portant sur l’euthanasie des chiens errants. A cette date, Bucarest abritait de l’ordre de 40.000 chiens errants pour 1,7 million d’habitants.

Des rues de Bucarest aux fourrières

Les conditions dans lesquelles s’effectuent  la capture d’un chien (pas forcément errant), et son calvaire jusqu’à son arrivée dans l’une des fourrières de la ville, sont décrites dans notre article Les attrapeurs de chiens, publié sur ce blog.

fourrière fourrières Bucarest

Quatre fourrières à Bucarest : Bragadiru, Mihailesti, Pallady et Odai

Trois de ces fourrières (Bragadiru, Mihailesti et Pallady) semblent dépendre directement de l’ASPA (*).
* Autorité pour la Surveillance et la Protection des Animaux

Odai, Bragadiru et Mihailesti sont toutes situées sur la voie rapide E70 desservant le sud-ouest de Bucarest. Pallady est située à l’est de Bucarest.

Bragadiru

Une partie du personnel de Bragadiru est  constituée de détenus de la prison de Rahova.

Ce sont les détenus qui « soignent » les chiens. C’est un service rendu à la communauté. Les témoignages concordent sur le fait que c’est la pire des quatre.

fourrières fourrière Bucarest
Bragadiru (04 août 2014)
fourrières fourrière Bucarest
Bragadiru (04 août 2014)
Mihailesti

Mihailesti est la plus grande des 3 fourrières dépendant de l’ASPA (850 places mais souvent le double de chiens).

Tous les chiens qui ont pu être sortis de cette fourrière sont maigres et malades. Environ 80% d’entre eux ont contracté la maladie de Carré.

fourrières fourrière Bucarest
Fourrière de Mihailesti
fourrières fourrière Bucarest
Fourrière de Mihailesti vide (04 mars 2014)

Pallady

Pallady est plus petite.

Mais le nombre de chiens par box y est trop important. Dans ces conditions, ils se battent souvent et ils se tuent parfois entre eux.

Odai

Odai, inaugurée en 2009, est la plus récente. Elle a actuellement une capacité supérieure à 1500 places.

Ce devait être un projet pilote pour résoudre le problème des chiens errants sans avoir recours à l’euthanasie. Au début, un programme de stérilisations et d’adoptions avait été mis en place. Mais c’est vite devenue une fourrière comme les autres …

Fourrières de Bucarest Fourrière Odai
Odai

Conditions de vie des chiens dans ces fourrières

– dans les box, les chiens sont trop nombreux et ils ne disposent pas d’un espace suffisant.

– les chiens malades ne sont pas soignés et ils ne sont pas isolés des autres.

– Les chiens sont nourris de manière aléatoire : les employés leur mettent des croquettes quand ils le veulent bien. Il n’y a que les plus forts qui arrivent à manger. Les autres n’ont pas ou très peu accès à la nourriture …

– les femelles, les bébés, les mâles sont répartis de manière aléatoire dans les box. De nombreux drames résultent de cette cohabitation forcée !

– le sol des box est en ciment avec des palettes disposées ici ou là. Le ménage est fait au jet plusieurs fois par jour avec les chiens présents dans les box. De ce fait, les chiens sont toujours mouillés et baignent dans des flaques d’eau mélangées à l’urine et aux excréments. Les croquettes sont dans le même état.
C’est en grande partie à cause de cela que beaucoup de chiens sont malades.

– les employés des fourrières n’ont reçu aucune formation spécifique. La plupart d’entre eux traitent les chiens comme des objets.

Comment récupérer ou adopter un chien qui a été raflé ?

En théorie, un chien raflé est conduit à la fourrière correspondant au secteur de Bucarest où il a été attrapé. En pratique, cela dépend si cette fourrière est pleine et de divers arrangements avec les dog-catchers.

Ce qui fait que le propriétaire d’un chien peut être amené à visiter les 4 fourrières pour avoir une chance de le retrouver. De plus :

– les horaires d’ouvertures au public sont réduits (par exemple, entre 10h00-14h00, du lundi au vendredi pour Bragadiru).

– les visiteurs ne sont admis qu’un par un après avoir fourni différents documents.
– la durée d’une visite est de 20 à 30 minutes au maximum (les photos et vidéos sont strictement interdites).

Toutes ces difficultés accumulées font que beaucoup de personnes renoncent à retrouver leur chien ou à en adopter un.

Non respect du délai de 14 jours avant euthanasie

Plusieurs témoignages de personnes, qui sont allées chercher leur chien raflé après un jour ou deux, montrent que non.

Notre sentiment est que ce délai est très aléatoire. On « vide » périodiquement les fourrières. Un chien qui entre peu avant la date fatidique a un délai de survie très court.

Les méthodes utilisées pour tuer les chiens

On admet aucune autorité de contrôle dans les fourrières. Dans ces conditions, il n’est pas interdit d’envisager le pire et des rumeurs sur des méthodes horribles utilisées circulent.

fourrière fourrières Bucarest

Quelques précisions

Le terme roumain « adapostul » qui est le plus souvent utilisé pour désigner les lieux où sont détenus les chiens, et dont les traductions sont « public shelter » / « abri public« , ne sont pas des refuges mais des fourrières (« ecarisaj« ) municipales.

Les seuls vrais refuges existant en Roumanie sont le fait d’initiatives privées.

On trouve sur internet des publications de propagande éditées par des municipalités / organismes qui présentent les fourrières sous leur meilleur aspect. La réalité est hélas tout autre !

Cette page documente exclusivement les fourrières de Bucarest. Mais nous savons que la situation d’un bon nombre de fourrières de province est encore beaucoup plus dramatique !

D’autres témoignages sur les fourrières roumaines

GEOPOLIS, le site d’information de francetvinfo, a publié récemment un article très édifiant :

Chiens errants en Roumanie : trafic et cruauté font bon ménage

Publié le 10/04/2014 à 11H03, mis à jour le 14/04/2014 à 09H31

En voici un extrait qui fait froid dans le dos :

Les fourrières sont des mouroirs

Aujourd’hui, le ramassage se veut systématique. Les chiens capturés sont placés dans des mouroirs qui n’ont de refuge que le nom.

Par cupidité, les responsables de ces centres les laissent mourir de faim ou de maladie. Parfois, on élimine les chiens immédiatement à leur arrivée, avant les 14 jours légaux. La fourrière touche la prime de capture, mais ne s’embarrasse pas de l’animal.

Jacques Deveaux

En août 2009, Irina a pu pénétrer dans la fourrière de Mihailesti

C’était pour récupérer Lolilta, une de ses protégés (chienne stérilisée et inoffensive). Les attrapeurs de chiens de l’époque l’avaient prise avec d’autres chiens de son quartier.

Irina avait pu prendre des photos avec son téléphone portable.

Son reportage hallucinant sur les circonstances de la capture de Lolita et sa récupération à la fourrière de  Mihailesti est toujours disponible sur son site internet. Son désespoir était profond !

Le 15 août 2009, la fourrière a pris Lolita et d’autres chiens de mon quartier

Cinq ans plus tard, après beaucoup d’argent dépensé stupidement et beaucoup de souffrance animale et humaine infligée, la Roumanie en est toujours au même point !

La stérilisation a toujours été la seule solution viable et digne pour limiter le nombre de chiens. Mais voilà, c’est une méthode qui serait moins profitable pour beaucoup de monde.

Photo de couverture : Chiens dans la fourrière de Bragadiru – Bucarest – août 2014

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