des hommes et des animaux

Le blog animaliste de Danielle et Christian Millet

Des agents de l'ASPA à l'oeuvre (avril 2014) (1000x327)

Dog-catchers (attrapeur de chiens)

Le 16 avril 2014, quatre dog-catchers (attrapeurs de chiens) de Bucarest licenciés ont donné une conférence de presse télévisée pour défendre leurs droits.

Leur témoignage a déclenché un mouvement médiatique en Roumanie même, contre les cruautés commises envers les chiens.

Mais, au-delà de leurs revendications, leurs propos sont très révélateurs de la politique mise en oeuvre à Bucarest pour attraper les chiens errants, et pas seulement les chiens errants… Une roumaine a fourni une bonne traduction française de cette conférence.

Les dog-catchers (attrapeurs de chiens)

Les dog-catchers sont des employés de l’ASPA (service municipal de Bucarest) mais aussi des employés de sociétés privées sous-traitantes de l’ASPA.(*).
* Autorité pour la surveillance et la protection des animaux

Le témoignage des quatre dog-catchers licenciés

Cette vidéo est en roumain. Mais une traduction française des échanges est à lire ci-dessous.

Daniel Tomescu – HINGHERII CONFIRMA CRUZIMILE SI ACUZA ASPA (Conferinta de presa 16.04.2014)

Ce témoignage accablant ne fait hélas que confirmer et préciser nos informations en provenance de Bucarest !

En voici des extraits :

• Journaliste :
Dans quelles conditions avez-vous été embauchés ?
Qu’est-ce qu’on vous a promis ?
Quelles sont les promesses qui n’ont pas été respectées ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Si j’y pense maintenant, c’était suspect depuis le début !
Pour être embauchés on a été convoqués dans un cabinet dentaire.
On nous a demandé si on a peur des chiens – on a dit que non !
Et si on peut courir ; nous avons répondu oui, qu’on a une bonne condition physique.
C’était tout – les critères, les conditions d’embauche.
Ultérieurement, toutes les réunions on les faisait derrière des immeubles, dans des parkings cachés, comme si on était des malfrats.

• Journaliste :
On vous a imposé un trajet, un nombre de chiens à attraper ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Au début, les sociétés qui nous ont embauchés ont essayé de nous en demander un certain nombre.
Ensuite, on leur a expliqué que cela n’est pas possible !
On attrape des chiens, on ne cueille pas des concombres dans une serre.

• Journaliste :
Précisément, qu’est-ce qu’on vous demandait ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Attrapez le maximum possible!
On nous a expliqué comment ça se passe :
Les personnes gênées par des chiens font des réclamations à la Mairie qui arrivent ensuite à l’ASPA, à Monsieur C. A.
Chaque matin, Monsieur A. nous donnait une liste avec les adresses où il fallait nous rendre, chacun avait son périmètre d’action.
Théoriquement, il fallait aller à ces adresses et capturer les chiens.
Réellement, ça ne se passe pas comme ça. …
On allait là où on savait qu’il y a des chiens : Ferentari, d’autres quartiers.
On était obligés de faire cela si on voulait garder notre boulot.

Dog-catchers (attrapeur de chiens)
Dog-catchers (attrapeurs de chiens)

• Journaliste :
Avez-vous capturé des chiens qui étaient avec leurs maîtres ?

• Ex attrapeur de chiens :

Oui, on a attrapé des chiens qui avaient des maîtres.
On a des témoins, des policiers, on était avec la Police.
Même si la loi stipule qu’il faut capturer que les chiens sans maître !
Si le chien était avec son maître, mais sans laisse, on l’attrapait.

• Journaliste :
Mais pourquoi ?
Ce sont les patrons qui demandaient ça ?
Ils étaient intéressés d’avoir un plus grand nombre de chiens attrapés ?
Par n’importe quel moyen ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Oui, les patrons nous demandaient d’attraper plus de chiens.
Je ne sais pas pourquoi …
… Les voitures de transport étaient équipées avec une espèce de crosse sur lesquelles on peut fixer une seringue, afin d’injecter un tranquillisant au chien. Comme ça, le chien pourrait être capturé facilement.
Mais moi, je n’ai jamais vu cette substance – il semble que c’est de la kétamine, on l’a jamais eue.
Pour s’amuser, on a tiré avec la seringue (on soufflait dans la crosse) sur une cible pour voir qui est le meilleur !

• Journaliste :
Il y avait des vétérinaires dans les voitures ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Non, pas de docteurs dans les voitures.
Mais conformément à la loi, si j’ai bien compris, les chauffeurs doivent être formés pour soigner les chiens s’il arrive quelque chose.
C’est à dire nous.
Alors que nous n’avons jamais été formés pour cela ; personnellement, je n’y connais rien !
Je peux seulement affirmer que des chiens ont été attrapés par des méthodes violentes.
Donc si un chien qui court à une vitesse considérable pour se sauver, rentre dans cette crosse, il risque de se casser le cou …

Dog-catchers (attrapeur de chiens)
Dog-catcher tirant un chien avec sa crosse

• Journaliste :
Avez-vous eu des cas de mortalité ?
Une estimation du nombre des chiens morts ?
Avez-vous vu ça ?

• Ex attrapeur de chiens :

Oui, je peux dire que j’ai transporté des chiens morts dans ma voiture !

• Journaliste :
Les chiens étaient reçus par des vétérinaires, aux fourrières ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Une fois, c’était un détenu qui a reçu les chiens, à la fourrière de Bragadiru.
C’est lui qui a signé les papiers de capture.
Il nous demandait : combien il doit faire ce chien ? 15 kilos ? Allez, on met ça.
C’est comme ça qu’on recevait les chiens dans la fourrière.

• Journaliste :
Parlez-nous des chiens décédés ! Pourquoi les chiens décèdent sur la route ?
Que tout le monde comprenne !

• Ex-attrapeur de chiens :

Je ne sais pas moi ! Déjà, dans une utilitaire de 10 places on entassait parfois 20 chiens.

Dog-catchers (attrapeur de chiens)
Empilement des chiens dans une camionnette de l’ASPA (avril 2014)

• Journaliste :
J’aimerais qu’on parle de la capture violente.
Cela veut dire quoi de votre point de vue ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Mais la capture violente, avec des crosses en acier !
Les crosses étaient prévues avec un câble en acier.
Si le chien arrive en vitesse, piégé par la crosse, en essayant de courir, il tirait brusquement, il se coupait le cou ou s’étranglait.
Souvent, du sang coulait par la bouche.
Je ne crois pas qu’un chien blessé comme ça sera en bonne santé !
Normalement, il fallait les tranquilliser.

• Journaliste :
Les chiens blessés lors de la capture, étaient-t-ils soignés une fois arrivés à la fourrière ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Non. Nous, on rentrait les chiens dans les cages, ils restaient là-bas.
Une fois, devant moi, le docteur vétérinaire a piqué un chien dans la bouche, il a introduit et a planté l’aiguille dans la bouche du chien !
Ensuite, il dit : allez, le suivant ! Ils ne s’intéressaient pas aux chiens.

• Journaliste :
Comment attrapiez-vous les chiens, car il y a des chiens gentils et des chiens agressifs ?

• Ex-attrapeur de chiens :

On n’avait que 2 variantes: la crosse et le filet.
Peu importe le tempérament du chien.
On a utilisé ce qu’on avait.
Même si les chiens arrivaient morts à la fourrière, on était payés.

Dog-catchers (attrapeur de chiens)
Des dog-catchers de l’ASPA à l’oeuvre (avril 2014)

• Journaliste :
Des gens qui aiment les animaux et qui les défendent, prétendent que souvent les attrapeurs capturaient les chiens gentils, car c’est plus commode, en laissant les agressifs plus difficile à prendre.
Ce sont les chiens gentils qui arrivent dans les fourrières. Est-ce vrai ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Quoi dire ? Les plus rapides s’échappaient !!!

• Journaliste :
Qui c’est qui appelait la Police Locale ?

• Ex-attrapeur de chiens :

La Police Locale était chaque fois envoyée par la Mairie de Bucarest et représentait l’ASPA.
Afin d’éviter des potentiels incidents liés à la capture des chiens.

• Journaliste :
Donc la Police ne représentait pas les intérêts des gens …

• Ex-attrapeur de chiens :

C’était nécessaire, croyez-nous ! On nous jetait des bouteilles … les gens ont sauté avec des couteaux, des haches… il n’y avait pas de jour de capture sans incident.
Parfois, la Police se trouvait dépassée !

• Journaliste :
Il vous est arrivé de capturer des chiens et de les laisser enfermés dans les voitures même 12 heures ?

• Ex attrapeur de chiens :

Oui, c’est exact !
Si on commençait notre boulot le soir à 20H00, on attrapait des chiens, on les baladait toute la nuit en voiture.
Parfois on leur donnait à boire car on avait pitié d’eux, en entendant leurs pleurs, leurs gémissements.
Il faisait aussi très froid parfois.
Pourtant, ce n’était pas prévu qu’on s’occupe des chiens !
Les animaux étaient repris que le matin, par d’autres collègues, baladés à nouveau, on remplissait ensuite les papiers… Oui, les chiens restaient beaucoup d’heures dans les voitures !

Chien pris dans le filet d’un dog-catcher (avril 2014)

• Journaliste :
Donc le règlement n’est pas du tout respecté !
Pas de site d’adoption pour les chiens, pas de liste à l’entrée de la fourrière …
Pas de conditions de capture respectées !

• Ex-attrapeur de chiens :

Nous ne connaissons aucun représentant de « Best Marketing » – la société qui nous a embauchés.
Je pense que c’est un cabinet dentaire !
On a été contactés via des sites internet, on avait postés nos CV.
On n’a pas travaillé avant pour cette société.

• Journaliste :
Les enchères (pour attraper des chiens) ont été gagnées par 3 sociétés qui n’ont rien à voir avec les chiens : une dans l’immobilier, l’autre dans le dentaire et la troisième dans le marketing.
Pourtant, il y avait 7 sociétés qui y ont participé! …
Et concernant le nombre des chiens errants de Bucarest, estimé à 65 000, nous en avons déjà discuté.
Vous m’avez dit à moi qu’ils sont 12 000 chiens, 10 000 ont été déjà capturés par l’ASPA, donc il en resterait 2 000.
Jusqu’à 65 000 chiens déclarés, c’est une grande différence.
Il y avait des chiens capturés dans les cours des gens – il y a des milliers de réclamations.
Vous n’avez pas eu de telles actions ?

• Ex-attrapeur de chiens :

Quoi, rentrer dans les cours des gens ? Oui, on est rentré seulement quand on avait un ordre du juge !

La lettre ouverte de Brigitte Bardot

Nous espérons tous que ces révélations vont contribuer à faire cesser cette barbarie que dénonce une nouvelle fois Brigitte Bardot dans sa lettre ouverte à l’Ambassadeur de Roumanie en France.

Photo de couverture : A stray dog is taken from the street by dog catchers in Bucharest April 3, 2014 – Source REUTERS/Bogdan Cristel

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